Atterrés - la suite

Publié le 26 Octobre 2016

Aujourd'hui, j'ai reçu un mail. Il venait de mon papa. Son titre : Migrants.

Je vous le restitue tel-quel.

 

Début juillet, deux migrants sont arrivés à Saint Brévin. Fuyant le sud, la morgue et la futilité de certains de ses habitants, les attaques violentes des moustiques tigres,la chaleur estivale devenue insupportable du fait du changement climatique et la flambée des prix de l’immobilier, ils sont donc réfugiés climatiques, économiques et politiques (persécution des moustiques !). Bien accueillis par la population locale, leur arrivée n’a pas fait de vague et n’a pas été relayée par les médias. Normal: ils sont blancs, pas musulmans, parlent un français à peu près correct.
 

Aujourd’hui, 47 migrants sont arrivés à Saint Brévin. Des vrais qui viennent de loin. Depuis des semaines, une frange ( j’allais écrire « une fange » ») agite le spectre de viols, de vols à l’arrachée qui ne vont pas manquer de se dérouler dans notre jolie station balnéaire. D’autres se sont mobilisés pour dire la vérité, apaiser ce climat nauséabond  et accueillir ces hommes qui fuient guerres et persécutions. Les deux migrants de Juillet ont donc rejoint le « collectif des brévinois atterrés ». Ils ont entendu de tout lors de distributions de tracts sur les marchés : 
- ils vont avoir le SMIC, 
- ils ont des logements que les français n’ont pas, 
- occupons nous de nos pauvres, 
- ras le bol des blacks, 
- mes petites filles vont se faire attaquer dans le bus (scolaire), 
- ce sont des lâches, ils n’ont qu’à faire la guerre,
- D’ailleurs, ils ont laissé femmes et enfants derrière eux… 

j’arrête là l’énumération sordide. Le point d’orgue, des tirs à balles dans les vitres du centre d’accueil. 

Heureusement, ils (les brévinois atterrés) ont croisé des gens qui nous ont encouragé à continuer. Même la commerçante dont l’échoppe fait face au centre d’hébergement dit que cela ne la dérange pas. Et puis il y a eu ce rassemblement d’environ 400 personnes pour dire qu’un geste d’humanité ne peut pas faire de mal, qu’un accueil réussi peut être une clef pour solutionner la crise. « On la trouvait plutôt jolie Lili, elle arrivait des Somalies, Lili dans un bateau plein d’émigrés …. » ont-ils  tous chanté à la fin.


Nos deux migrants ont de la chance. Grâce aux 47 autres, leur intégration a été accélérée par des belles rencontres avec de chouettes personnes. Et ce n’est pas fini puisqu’il faut maintenant accompagner pendant quelques mois ces nouveaux brévinois  en vue d’une éventuelle demande d’asile.

Poun (en vrai, il ne signe pas Poun hein...)

 

Et de notre coté, nous avons participé à ça :

 

Rédigé par Mamanlit

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D
la honte... en plus c’est juste à côté de chez moi... seul point positif de l'histoire : quand tu viens voir tes parents, on pourrait aussi se voir... Nantes, c'est pas loin ;-)
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F
Triste, révoltée et en colère je suis aussi. Garder vives sa colère et sa révolte, à tout âge et en toutes circonstances en désaccord avec nos convictions. Bravo aux 49 de St Brévin !
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